nous ne partirons pas
cette banquise neurasthénique porte l’espoir
des morts qui ne sont pas nés
si belle soit la terre promise ailleurs en d’autres mondes
ce n’est pas ici
nous gèlerons sur place comme pères et mères
nous craquerons de froid de folie
nous ne partirons pas
que s’amènent les siècles les semaines les tiédeurs
de toundra les planètes apprivoisées
nous ne partirons pas
derniers parmi les derniers plus pauvres que les plus
pauvres
sauvages des musées galaxiques caves des cris caverneux
nous ne partirons pas
assignés à demeure survolés de chimères croyables
repoussés
de terre la plus inhabitable taxés d’insomnies vidés
d’enfants viables mal logés entre les os et les os rayés
des dictionnaires sans plus rien des choses peut-être
humaines
nous ne partirons pas
nous ne partirons pas
- Pourquoi ce titre de « patience » ?
- Qui est-ce qui parle ici ? Qui est ce ‘nous’ ? Pourrait-on imaginer un ‘nous’ différent ?
- Que ressentez-vous à la lecture de ce poème ? Pourquoi ?
- Travaillez votre récitation : Essayez de lire ce poème à haute voix plusieurs fois en utilisant à chaque fois un ton différent. Consultez notre liste de styles et de tons pour des idées.
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Tentez une expérience de création littéraire :
Pensez à quelque chose où quelqu’un que vous ne laisserez jamais tomber. Écrivez dix vers décrivant toutes les difficultés associées à cette fidélité. Le dernier vers devra confirmer votre fidélité.
Brault, Jacques, « patience », La poésie ce matin (1971), dans Poèmes, Montréal, Éditions du Noroît, 2000.